Le Puy en Velay

Voilà... le silence règne, le calme revient, la sérénité vous inonde. Reste un dernier petit bout de chemin à faire.
Le plus important, le plus difficile peut-être :

Venir se placer face à l'occulus, sur la table dolmenique au dessus de l'entrée, et là, les pieds bien ancrés, face au solstice*...

Prendre son envol..... Et revenir parmis ses semblables.

                                                                                           Bon courage...

* : Le fait que l'occulus soit décentré par rapport à l'axe de la facade peut s'expliquer d'au moins 4 facons :
- une "erreur" de construction : vu la qualité du reste de la chapelle, c'est inimaginable,
- un alignement vers un autre site sacré non répertorié sur le Mont Corneille,
- un alignement solaire, lever du soleil au solstice d'hiver, sans boussole ni éphémérides je n'ai pu le vérifier,
- un alignement sud-est vers Gargano et le Monte del'angelo où la vénération à St Michel est apparu pour la première fois...
D'autres solutions sont possibles...

Attention la tête... oups pardon :)
Fresque retrouvée sous le plafond de l'entrée, elle était masquée par du crépis posé lors de "restaurations" !

Belle main "divine", bénissant le visiteur, sur fond bleu, cerclée d'un arc en ciel prometteur.

Une fois passé le porche, surprise : une dernière involution est nécessaire : une spirale nous guide jusqu'à l'autel... et au delà. Labyrinthe surprenant, où, là encore, tout est signe, tout est information. Même la couleur bleue, froide, lunaire des dalles du sol contraste avec la couleur chaude, solaire, des murs et des voutes. Les piliers reliant le ciel et la terre forment une grille ajourée, imposant le passage, mais laissant les sens (l'essence ?) libre d'explorer...

La facade, par ses couleurs, résume le chemin initiatique effectué. Le Grand oeuvre est presque accompli, le mariage alchimique peut avoir lieu, union du Roi et de la Reine, de l'Homme et de la Création, du conscient et de l'inconscient.
Cette transmutation, partant du noir, passant par le blanc pour arriver au rouge. Cette transmutation de la matière pour arriver à la "pierre philosophale", amie de la Sagesse. (Remarquez les différentes altitudes de la Basilique, de la chapelle St Michel et de la statue de N.D. de France...)
Oeuvre au noir (nigredo) : dispersion et dissolution de ce qui nous retient attaché à la matière, au matérialisme
Oeuvre au blanc (albedo) : extraction de la "matéria prima"
Oeuvre au rouge (rubedo) : élévation du feu jusqu'a sa plus haute intensité pour transformer et illuminer...

Un livre entier ne suffirait pas à démontrer tous les symboles inscrits dans la pierre. Chaque détail compte, chaque agencement a une signification double, triple, l'interaction entre les éléments donne elle aussi des informations complémentaires...

Même l'espace vide au dessus du linteau, qu'il soit voulu ou non, est significatif de la vacuité et de l'infinité de l'Etre...

les deux piliers de l'entrée rappellent Jakin et Boaz, les piliers du temple de Salomon (édifié par Hiram et Maître Jacques entre autres). La porte de l'Etre et celle de l'Esprit. (Dans le même esprit, les deux gardiens, taureaux couchés, évoquent le support de la "Mer de Bronze" du temple de Salomon)

Les deux sirènes sortant de l'onde attestent la présence de courants telluriques majeurs. Le doublement indique aussi la dualité humaine : organique et spirituelle.

"Il est une alchimie transcendentale, c'est l'alchimie de soi-même. Elle est préalablement nécessaire pour parfaire l'alchimie des éléments. La noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant." (Grillot de Givry)

Il ne suffit pas d'arriver pour entrer comme dans un moulin !
Reste à passer le barrage des gardiens qui doivent s'assurer de la qualité de l'impétrant avant de lui laisser voir les merveilles de la chapelle...

L'un interroge pendant que l'autre garde et montre les crocs, prêt à dévorer celui qui n'est pas apte...
Pas de panique : je n'ai pas vu de petit tas d'ossements... à moins qu'ils ne soient balayés tous les matins ? :)

Pour reprendre notre respiration, avant de franchir les dernières marches, contournons la chapelle par la gauche. pour revoir notre point de départ et les horizons traversés.

Le tour presque terminé, au nord, nous découvrons avec stupeur... un bassin et un suintement d'eau suffisant pour faire vivre un beau tapis de mousse. Cela nous rappelle l'omniprésence de l'eau, cette messagère de nos cellules, mais surtout, origine de notre univers "Et Dieu sépara les eaux d'en haut et celles d'en bas..."

La montée est dure à nos pieds fatigués par tant de kilomètres. Mais la délivrance est proche.
Des loges creusées dans le roc permettent non seulement de se reposer, mais aussi de communier plus intensément avec le lieu et son énergie.

3 oratoires sont répartis le long de l'ascension :

Le premier est dédié à l'archange Gabriel "force de Dieu", au départ de la voie, et correspond au messager, Mercure (ou Lugh), au début du grand oeuvre.

Le deuxième est dédié à l'archange Raphaël "guérison de Dieu", c'est le patron des voyageurs. Dans la Bible il est dit "Il a été envoyé par Dieu pour guérir la cécité de Tobie et l'aider à rencontrer Sarah afin d'assurer la descendance d'Abraham"... A rapprocher du saint suivant...

Le troisième est dédié à... saint Guignefort ! C'est un saint breton (celtisme) qui passe pour guérir entre autre, les stérilités de la femme. Mais "guigner" en argot veut dire... bien regarder en clignant des yeux ! Alors regardons attentivement... Guignefort a remplacé Uriel (le feu de Dieu) l'archange lié à l'initiation.

Il est temps maintenant de terminer notre voyage.

Après avoir exploré ce que nous sommes sur le trajet aller, ce que nous souhaitons être sur le trajet retour, l'ascension des 268 marches (2+6+8 = 16, 1+6 = 7 "Le sept indique le sens d'un changement après un cycle accompli et d'un renouvellement positif.") nous renforce dans ce choix, l'effort inscrit dans nos muscles, dans le corps tout entier, ce vers quoi nous tendons...

Avant l'édification de la chapelle, ce piton abritait un temple dédié à Mercure ("romanisation" du dieu celte Lug, dieu solaire par excellence) et supportait un dolmen, dont la table a été réutilisée dans la chapelle.
Le mont était consacré à la déesse celtique Ana (déesse-mère de son peuple : Tuatha Dé Danann, le Peuple de la Déesse Ana).
La légende affirma qu'il était en réalité une "crotte de géant", parallèle évident avec Gargans dont Rabelais écrivi librement la biographie. Il est intéressant de noter que le Mont Aiguilhe et sa chapelle St Michel/Lug-Mercure est au point milieu d'une droite commencant au Mont Gargano (Monte Sant Angelo) et son temple mercuriel au sud de l'Italie et finissant au Mont St Michel en Bretagne... Ligne qui peut être prolongée dans les deux sens et aboutir également sur d'autres marques, d'autres sites sacrés.

A coté de la chapelle, un carré magique (qui se lit dans tous les sens) en base 5 interpelle.

SATOR AREPO TENET OPERA ROTAS

Les deux plus anciennes représentations de ce carré ont été retrouvées dans les ruines de Pompéi... ensevelie sous la cendre du Vésuve le 28/08/0079. Celui-ci est récent mais sa présence conforte le visiteur dans sa recherche ésotérique : tout est signifiant, tout peu surgir à la lumière de la connaissance.